Michel Forst, Rapporteur spécial pour les défenseurs des droits de l'Homme, et ancien secrétaire général de la CNCDH, s'est exprimé devant le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies.
Extraits
Ces dernières années, les menaces et les contraintes auxquelles sont confrontés les défenseurs des droits de l'Homme n'ont cessé de croître et d'évoluer. Dans de nombreux pays, bien qu'à des degrés divers, il reste extrêmement dangereux ou difficile pour les défenseurs des droits humains d'agir librement et ouvertement.
Aujourd'hui, il ne s'agit plus de reconnaître le caractère dramatique de la situation vécue par de nombreux défenseurs. Cette réalité a été observée, dénoncée et relayée par de nombreux acteurs. L'urgence et le devoir d'agir s'imposent à nous.
Ce constat a été fait à de nombreuses reprises par mon mandat ainsi que par de nombreux autres acteurs.
Je suis profondément troublé par la persistance et l'augmentation constante des attaques et des meurtres de défenseurs qui s'opposent aux intérêts d'entreprises puissantes, de politiciens et d'élites locales, ainsi que de groupes armés et criminels.
S'attaquer au niveau endémique d'impunité pour les violences commises contre les défenseurs doit être une priorité absolue. Identifier les lacunes institutionnelles et les facteurs alimentant l'impunité sont des exigences primordiales. La volonté politique est également nécessaire pour prendre des mesures préventives et mener des enquêtes si nécessaire.
Il est également crucial de rendre notre "langage des droits de l'Homme" commun accessible à tous. La montée de l'intolérance à l'égard des défenseurs est en partie due au fait que les gens ordinaires connaissent souvent mal leurs droits et le rôle de ceux qui les défendent et les protègent.
Les défenseurs font souvent des sacrifices inimaginables, y compris, parfois, en mettant leur vie et la sécurité de leur famille en danger. Ils prennent ces risques pour que le reste d'entre nous puisse avoir accès aux droits fondamentaux, que, soyons francs, nous avons souvent tendance à considérer comme acquis. Et lorsque les défenseurs sont attaqués, c'est la démocratie elle-même qui est finalement menacée.
L'essence même de ce mandat est de veiller à ce que tout soit mis en œuvre dans chaque pays et territoire pour exclure une situation dans laquelle une personne perd sa vie ou sa liberté pour avoir défendu les droits de l'homme et la dignité humaine.