En cette journée de commémoration de la mémoire de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions, la CNCDH s’inquiète du manque d’engagement politique pour lutter contre ce fléau en France.

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Mis à jour le 11 mai 2021

Depuis 2017, la France n’a plus de plan de lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains. La CNCDH appelle une fois encore la France à se doter enfin d’un nouveau plan d’action national à la hauteur des violations des droits subies par les victimes.

Contrairement aux idées reçues encore trop répandues, la traite des êtres humains n’appartient pas qu’au passé, pas plus qu’elle n’est l’apanage de pays en guerre ou en voie de développement. L’Europe et la France ne sont pas épargnées par ce phénomène.

La traite des êtres humains existe en France et recouvre de multiples formes.

La CNCDH ne cesse de rappeler que France est, elle aussi, confrontée à la traite des êtres humains. Aujourd’hui, dans notre pays, des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes sont acheminés ou recrutés pour être exploités, et voient ainsi bafouer leur dignité, violer leurs droits et libertés fondamentaux.

La CNCDH rappelle également que la traite en France est bien trop souvent considérée sous le seul angle de l’exploitation sexuelle, alors qu’elle concerne plus largement toutes les formes d’exploitation de la personne humaine. Les personnes victimes de traite peuvent être victimes d’exploitation sexuelle, mais elles peuvent aussi devenir esclaves domestiques, être exploitées par le travail, être forcées à mendier ou à commettre des délits.

La CNCDH a alerté les pouvoirs publics à de nombreuses reprises sur la grande vulnérabilité des personnes migrantes face à la traite des êtres humains. C’est particulièrement vrai des enfants non accompagnés de leurs parents, encore trop souvent livrés à eux-mêmes et particulièrement exposés aux risques d’exploitation.

La France doit se doter d’une politique publique et y consacrer les moyens humains et financiers nécessaires.

Poussée par les institutions internationales et grâce à l’influence des associations en contact avec des victimes, la France s’était dotée en 2014 d’un plan d’action triennal posant pour la première fois les fondements d’une politique publique de lutte contre la traite des êtres humains sous toutes ses formes d’exploitation. L’adoption de ce plan a permis quelques progrès, mais ils concernent principalement l’exploitation sexuelle. Surtout depuis la fin de la mise en œuvre de ce plan en 2017, le Gouvernement tarde à s’engager sur un nouveau plan d’action.

Pourtant, beaucoup reste à faire, à la fois en matière de répression, de protection et d’accompagnement des victimes ou encore de prévention. Le désintérêt manifeste des pouvoirs publics, depuis deux ans, dans la lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains ne manque pas d’inquiéter les acteurs mobilisés au quotidien contre ce fléau.

La CNCDH tient à rappeler que la France est tenue en la matière par ses engagements internationaux, tout particulièrement à l’échelon européen. Elle presse le Gouvernement d’adopter et de mettre en œuvre dans les délais les plus brefs un nouveau plan national d’action et insiste sur la nécessité d’engager tous les moyens nécessaires (humains, financiers, techniques) pour permettre à des milliers de victimes de se reconstruire et à des milliers de personnes vulnérables d’être protégées de toutes les formes d’exploitation.

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