Pour la 33e édition du Prix des droits de l'Homme, les deux thèmes choisis par les membres de la CNCDH sont : droit à la santé et lutte contre les exclusions et défense de l’environnement et de la biodiversité.
Au regard de la crise sanitaire mondiale encore en cours et de l’urgence climatique qui marque ce début de siècle, la CNCDH a retenu les thèmes suivants pour sa 33ème édition : droit à la santé et lutte contre les exclusions et défense de l’environnement et de la biodiversité.
Thème 1 : Droit à la santé et lutte contre les exclusions
Présentation du thème
La crise sanitaire mondiale a jeté une lumière crue sur les difficultés particulières auxquelles sont confrontées les personnes vulnérables ou défavorisées au regard de la réalisation du droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu'elle soit capable d'atteindre, consacré par l’article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
Ce droit de jouir du meilleur état de santé possible recouvre à la fois des libertés et des droits. Parmi ces libertés, se trouvent le droit de ne pas être soumis sans son consentement à un traitement ou une expérience médicale, le droit à l’intégrité. Parmi ces droits, figurent le droit à une politique de prévention, le droit d’accès, ouvert à chacune et chacun sur un pied d’égalité, à un système de soins.
Le droit à la santé suppose que soient réunis un ensemble de critères sociaux favorables à l’état de santé de toutes et tous, notamment la disponibilité de services de santé, le libre accès à des structures de soins, une politique de prévention, des médicaments à des tarifs abordables, etc. La réalisation du droit à la santé est étroitement liée à la réalisation des autres droits de l’Homme, notamment le droit à l’alimentation, au logement, au travail, à l’éducation, à la non-discrimination, à l’accès à l’information et à la participation.
Les groupes dits vulnérables ou en marge de la société sont souvent moins susceptibles de jouir du droit à la santé. Les maladies les plus meurtrières touchent principalement les populations les plus pauvres du monde. A l’intérieur des pays, certaines populations, comme les communautés autochtones ou les personnes vivant dans des zones de relégation, font face à de nombreux obstacles pour accéder aux soins.
La lutte contre les exclusions est un combat pour la concrétisation de la dignité humaine. Elle passe par l’accès aux soins et l’adaptation des politiques de prévention. Elle suppose de lutter contre l’extrême pauvreté, mais aussi de protéger les lanceurs d’alerte et de s’attacher à lever les barrières qui font obstacle à la pleine et effective participation à la société des personnes en situation de handicap, sur un pied d’égalité avec les autres. Elle commande également d’intégrer la dimension sexo-spécifique tenant aux enjeux de santé pour les filles et les femmes.
Dans un grand nombre de pays, des lanceurs d’alerte, notamment dans le domaine de la santé, ont tenté de rendre publiques des informations pour protéger l’intérêt général, au risque de bousculer les intérêts économiques des grandes industries pharmaceutiques. Parce qu’ils portent à la connaissance des autorités et du public des signaux précurseurs, ceux qui annoncent les catastrophes à venir sont des vigies essentielles de nos systèmes de prévention et de gestion des risques. Il convient dès lors de les soutenir et de les protéger.
Le Prix des droits de l’Homme entend récompenser tout projet visant à améliorer l’accès aux politiques de prévention et l’accès aux soins des personnes dites vulnérables ou des populations défavorisées, dans une logique de lutte contre les exclusions. Peuvent également être éligibles des organisations travaillant à la protection des lanceurs d’alerte dans le domaine de la santé.
Lauréats
- Jeevika, Inde
Mentions spéciales
- Parents Pleurons ensemble à Kabare, République démocratique du Congo
- Jesuit Refugee Service, Burundi
- Poussieres de vie, Vietnam
Thème 2 : Défense de l’environnement et de la biodiversité
Présentation du thème
Faire le lien entre droits de l’Homme et environnement est un enjeu crucial dans le monde contemporain. Les droits humains et l’environnement sain entretiennent une interrelation étroite et concrète. D’une part, les violations des droits humains sont aggravées par la détérioration de l'environnement, avec un impact encore plus grand pour les groupes dits vulnérables, notamment les peuples autochtones et les personnes en situation d'extrême pauvreté. D’autre part, les atteintes à l’environnement et les modifications de l’environnement dues aux changements climatiques engendrent des violations des droits humains : droit à la santé, droit à l’eau, droit à l’alimentation, droit au logement, droit à la vie, etc. A l’échelle globale, l’impact des changements climatiques sur les droits de l’Homme est particulièrement visible et documenté, si bien que la reconnaissance du droit à un environnement sain devient un impératif. De la même manière, la défense de la biodiversité apparaît comme la condition de la réalisation des droits humains.
Les Nations Unies identifient comme menaces à l’environnement ayant un impact sur les droits de l’Homme les phénomènes suivants : les impacts environnementaux sur l’atmosphère, les menaces environnementales terrestres, parmi lesquelles la dégradation des terres, la déforestation et la désertification, la dégradation de l’environnement marin, les déchets dangereux, la contamination par les droits chimiques et la pollution, la diminution de la biodiversité et enfin, les catastrophes naturelles.
Les défenseurs de l’environnement et de la biodiversité sont les personnes ou les groupes qui défendent, de façon non violente, le droit à un environnement sain et la protection du vivant dans le but de promouvoir, protéger et mettre en œuvre les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, suivant une approche universelle. Certaines communautés entretenant un rapport particulier avec la nature, une partie de la jeunesse et de très nombreuses femmes se mobilisent en faveur de la défense de l’environnement et de la biodiversité.
Les défenseurs des droits environnementaux sont définis comme tels avant tout en raison de leurs activités concrètes visant à protéger l’environnement et la biodiversité, plutôt que par leur statut. Même s'il s'agit souvent de journalistes, de militants ou d'avocats qui dénoncent et s'opposent à la destruction de l'environnement ou à l'accaparement des terres, les défenseurs des droits environnementaux peuvent aussi être des personnes ordinaires qui vivent dans des villages reculés, des forêts ou des montagnes. Dans beaucoup d'autres cas, il s'agit de dirigeants autochtones ou de membres de la collectivité qui défendent leurs terres ancestrales contre les nuisances provoquées par de grands projets tels que l'exploitation minière ou les barrages. Les défenseurs du droit à un environnement sain et de la biodiversité sont ceux des défenseurs des droits de l’Homme qui paient le tribut le plus lourd. Assassinés, harcelés, dénigrés, les défenseurs doivent être soutenus, pour leur action en faveur de l’environnement et de la biodiversité.
Dans cet esprit, peuvent faire acte de candidature les personnes ou organisations non gouvernementales portant un ou plusieurs projets de plaidoyer ou de terrain visant à défendre l’environnement et la biodiversité, comme ceux ayant pour objectif la protection des lanceurs d’alerte et des défenseurs de l’environnement, en particulier les femmes et les jeunes défenseurs de l’environnement.
Lauréats
- Taisiia Kutuzova, Ukraine
- Mongol Ecology Center (MEC), Mongolie
- Groupe Tanzanien de Conservation des Forêts, Tanzanie
- Mekong Plus, Vietnam
Mentions spéciales
- Tchendukua Aqui y Allá, Colombie
- SystExt – Systèmes Extractifs et Environnements, France