Dans le cadre de son mandat de rapporteur national indépendant, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) publie son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

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Mis à jour le 11 mai 2021

Ce 28ème rapport dresse un état des lieux du racisme en France, grâce à une mobilisation des données disponibles, à des enquêtes de terrain et au concours de chercheurs spécialisés, rapportés aux résultats obtenus depuis 1990.

Un niveau de tolérance record face à des discriminations persistantes qui sapent l’accès aux droits fondamentaux

La tolérance, mesurée par les réponses aux questions posées, n’a jamais été aussi élevée (67 points sur une échelle de 100). Le CNCDH ne peut que s’en réjouir, d’autant plus que cette tolérance s’accroît en particulier dans les jeunes générations.

Mais la réalité doit être saisie dans sa complexité.

D’une part, elle se manifeste de manière différente selon ceux dont on parle. On doit se préoccuper en particulier – comme l’actualité récente l’a montré – du sentiment qui prévaut à l’égard des Roms, population mal tolérée (37 points d’indice seulement).

D’autre part, cette progressive montée de la tolérance, selon un mouvement ininterrompu depuis plusieurs années, ne fait pas obstacle à un regain des actes racistes provenant de personnes demeurant hostiles : les actes de menaces ou de violences, qui ne laissent jamais intactes les victimes, n’ont pas diminué avec la diminution de l’intolérance. Parmi ces actes, la CNCDH s’inquiète de voir prospérer la haine en ligne, qui se diffuse anonymement de de façon virale.

Parmi les populations victimes de ces actes, la CNCDH s’est s’intéressée davantage aux Noirs, qui bénéficient certes d’un niveau de tolérance élevé, mais à l’égard desquels l’étude relève les préjugés qui rabaissent le plus, en infantilisant voire en animalisant.

Enfin, la CNCDH s’inquiète de la persistance du phénomène de sous-déclaration des actes racistes. Selon les enquêtes de victimation les plus sérieuses, 1,1 million de personnes se disent victimes chaque année de menaces, de violences ou de discriminations à caractère raciste. Or, en 2017, plus de 6 000 affaires racistes ont été orientées par les parquets ayant abouti pour 9% seulement d’entre elles à une condamnation. L’écart entre ces nombres donne une idée des progrès de toute nature à accomplir.

La CNCDH reste convaincue en effet que des mesures efficaces peuvent réduire sensiblement cet écart. Parmi elles, note Jean-Marie Delarue, nouveau président de la CNCDH, « une action résolue et prolongée des pouvoirs publics doit favoriser la disparition des préjugés. Le racisme met à mal notre vivre ensemble, qu’on réclame par ailleurs si volontiers. L’actualité est encore beaucoup trop fertile en agressions contre des personnes jugées suspectes ou coupables parce que différentes ».

Dans ces actions, la parole des personnalités médiatique et politique est déterminante. « Elles doivent être exemplaires en paroles et en actes si, comme elles le prétendent, elles veulent consolider le lien social. Mettre une population en accusation, sous une forme ou une autre, c’est bien au contraire le dénouer » ajoute encore Jean-Marie Delarue.

Le rapport énumère un grand nombre de recommandations dans le domaine de la formation et du comportement des agents publics, du fonctionnement des institutions et dans trois secteurs particulièrement étudiés cette année : le sport, la scolarisation des enfants et l’enseignement supérieur.

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